lundi 6 octobre 2008

Septembre sur la Bonnie

Comme c'est maintenant une tradition, Jo et moi avions des jours de réservation sur la Bonaventure pour le mois de septembre. De prime abord, je dois dire que cette année j'ai trouvé ce mois plus froid que ce que nous avions connu auparavant. Habitués à une ou deux gelées durant notre séjour, nous avons dû cette fois-ci faire face à cinq bonnes nuits sous le 0° Celcius. Ces photos nous donnent d'ailleurs une idée de quoi avait l'air la table à l'extérieur certains matins. La deuxième est en macro et nous montre la forme des cristaux.





Inutile de dire qu'au lever du lit, nous n'avions pas toujours envie de sauter dans nos bottes-pantalons encore humides. Mais je dois avouer que contrairement aux journées de juin où la lumière ne semble jamais pressée de baisser d'intensité, pour pêcher un nombre raisonnable d'heures, nous n'avions d'autre choix que de nous diriger dans le secteur B à une heure inhabituelle pour nous i.e. vers 8 ou 9 heures A.M. pour revenir dîner et retourner vers les 15 heures P.M. essayer de leurrer ceux qui avaient boudé nos offrandes le matin même.

Pour qui n'est pas familier avec le secteur B de la Bonaventure, voir la carte suivante où les repères sont Thivierge, Chemin Mercier et 6 ème Rang, cela donne environ 17 kilomètres de belle route dont une quinzaine gravelée. J'aime bien ratisser ce secteur car ce n'est pas éloigné (ce qui nous permet de faire des allers-retours dans la journée) et de plus il s'y trouve des fosses intéressantes à explorer.

Dans la douzaine de journées de pêche de notre séjour, nous avons fréquenté le secteur B une dizaine de jours et ma conjointe m'a fait la barbe sur tous les points. Tellement qu'en dernier, elle me laissait toujours commencer la rotation tant j'en faisais pitié.

Comme résultat final, nous avons eu 14 poissons sur la ligne pour 7 remises à l'eau, ce qui est bien selon moi si on considère l'effort de pêche consacré. Jo en a pris 4 et perdu le même nombre et moi, pris 3 et échappé 3 en plus de prendre 3 magnifiques truites entre 16 et 19 pouces dont une avec cette mouche inspirée par l'Undertaker, une mouche indispensable sur la Bonnie.



Si on tient compte des levées ou encore des fois où la sèche était déjà partie pour l'arraché et que le saumon arrivait la gueule ouverte pour la gober, c'était correct pour de la pêche d'automne où salar n'est pas toujours des plus volontaires pour une partie de bras-de-fer.



Je dois toutefois concéder que c'est un nombre anormalement élevé de poissons perdus en cours de bataille (50%), est-ce dû au fait que nous les forcions la majeure partie du temps ayant décidé de pratiquer la remise à l'eau ?



À nos dates de réservation, le niveau d'eau était un peu haut aussi nous n'avons pu pêcher la fosse Jug à mon goût. Je l'ai parcouru deux fois du côté Ouest avec de courts lancers de type Spey et une canne à une main mais la dérive de la mouche n'était pas idéale, c'est à cet endroit que j'ai vu sauter les plus belles bêtes mais je n'avais vraiment pas le goût de remplir mes bottes avec de l'eau à 5 ou 6 ° Celcius en traversant dans le rapide du haut pour aller les pêcher convenablement et m'amuser avec un poisson que je devrais relâcher de toutes façons.

Les fosses où nous avons connus le succès sont Upper Rock où un beau spécimen m'a déroulé environ 150 pieds de ligne d'un coup sec pour finalement briser l'avançon dans les roches plus bas. J'ai repris ma revanche à cette fosse vers la fin du voyage quand en descendant l'escalier qui y mène ma blonde a vu sauter un madeleineau qui semblait entrer sur le pied et qu'elle m'a généreusement laissée passer le premier.

Jo semblait avoir le numéro de White Ledge et s'amusait pas mal autour de la grosse roche brune face à l'enseigne du côté est. Elle en a perdu deux là en plus de gracier une belle femelle estimée entre 12 et 14 livres et capturée à l'aide d'une Green Machine. Combattre un saumon à cet endroit n'est pas toujours de tout repos, en plus d'avoir à se tenir sur les crans rocheux, il faut trouver moyen une fois la bataille engagée de passer de l'un à l'autre, souvent en équilibre précaire, tout en évitant le plus possible que salar se frotte contre le roc et coupe l'avançon. Le courant y est toujours rapide et c'est vraiment gratifiant de finalement réussir à prendre salar par la queue et lui enlever la mouche qui a su le déjouer.



Tout près de White Ledge se trouve un endroit et aussi probablement le guide le plus connu de la rivière Bonaventure. Le patio à Dial Arsenault est à n'en point douter un des endroits où il se raconte le plus d'histoires de pêche sur la rivière. À en juger par les boîtes alignées sur les tablettes, c'est une place de connaisseurs qui sait rendre hommage au pays d'où origine les cannes à deux mains. Voilà un personnage vraiment attachant, un type qui connaît sa rivière et sait vous la faire aimer.





Les fosses Salmon et le Trou à Jos ont complété le tableau. Dans le cas de cette dernière fosse, c'est là que j'y ai passé ma dernière soirée et je devais m'y amuser follement. Arrivés à Snake pour la pêche du soir, Jo me dit" Si tu veux aller faire un tour à Trou à Jos, pas de problème, je vais m'arranger toute seule ici si je fais une capture". Comme sa moyenne au bâton ou devrais-je dire à la canne était supérieure à la mienne j'ai suivi sa recommandation et me suis dirigé plus bas.

Alors que la pénombre s'annonçait, j'ai capturé et relâché à cette fosse un madeleineau et comme j'allais mettre fin à mes activités, Jo est arrivée de Snake et m'a dit "Quoi, tu ne vas pas lâcher tout de suite, tu arrives dans un secteur prometteur". Cela devait s'avérer pure vérité, j'y ai capturé et perdu là le grisle le plus fou de ma saison, il s'est décroché après le neuvième ou dixième saut et cela sans que je n'aie besoin de le forcer. Il était rougeaud mais avait encore une énergie folle. Pendant qu'il faisait ses acrobaties dans la fosse, deux de ses compagnons de rivière essayaient de l'imiter, il devait y avoir dans cette fosse une bonne douzaine de saumons mais la majorité étaient de petite taille si je me fie au spectacle offert.

Nous avons connu une journée avec trois poissons sur la ligne à la fosse La Roche du secteur A mais par contre avons été blanchis une autre fois à cette même fosse pourtant peu pêchée. Nous avons essayé tous les trucs que nous connaissions sur une bonne vingtaine de saumons qui nous regardaient baigner nos mouches sans jamais montrer un signe d'intérêt. C'est ce qui fait de cette pêche un vrai défi, autant quelquefois c'en est trop facile, autant à d'autres occasions ceux-ci nous font voir que ce sont eux qui décident.





Tout comme l'an dernier, je trouve que les pêcheurs du Québec pourraient profiter beaucoup plus des opportunités de pêche qu'offre le mois de septembre. Dans le petit ghetto Green & La Roche, il y a eu plusieurs journées consécutives où les saumons auraient aimé voir passer un bomber ou une Undertaker mais il n'y avait âme qui vive. Les secteurs C & D ne devaient pas être beaucoup plus achalandés.

Si vous pêchez les secteurs publics et que vous en avez assez du "prime time" où arriver à 3 heures A.M. signifie d'être cinquième ou sixième dans la rotation, pourquoi ne pas essayer septembre, oui on se les gèle à l'occasion un peu tôt le matin mais dès 10 heures A.M. si le soleil brille, la température devient très agréable.



Nous avons observé à quelques occasions le "red vent syndrom" sur des madeleineaux et je vous réfère à cette directive gouvernementale concernant la consommation de saumons atteints de cette maladie.

Tiens, terminons avec une rumeur qui courait sur le bord de la rivière et qui disait que les secteurs A & B pourraient redevenir comme avant, vrai ou faux ? Seul l'avenir le dira et cela ne devrait pas tarder puisque le tirage de novembre arrive à grand pas.

Assez pondu pour aujourd'hui, je vous reviendrai un peu plus tard cette semaine avec d'autres articles.

Aucun commentaire: